Essai transformé à l'Université de Rennes 2


La galerie « Art et Essai » à l'Université Rennes 2 crée l’événement en organisant la première exposition monographique française de l’artiste américaine Cady Noland.


Essai transformé à l’Université Rennes 2 où la galerie « Art et Essai » crée l’événement en organisant la première exposition monographique française de l’artiste américaine Cady Noland, une des artistes le plus radicales de sa génération qui a décidé depuis 1999 de cesser d’exposer et de rompre tout lien avec la scène de l’art. Paradoxalement, cette grève artistique de la fille de Kenneth Noland l’a propulsée dans les plus hautes sphères du marché de l’art, devenant en 2011 la femme dont l’œuvre est la plus cotée grâce à son portrait perforé de Lee Harvey Oswald, Oozewald (1989), dont une des quatre éditions a trouvé preneur pour plus de 6,5 millions de dollars chez Sotheby’s … Cette cote n’a pas facilité la tâche des commissaires de l’exposition qui ont néanmoins convaincu le Musée Boijmans de Rotterdam, le SMAK de Gand ou les collectionneurs Eric Decelle et Dimitris Daskalopoulos de leur confier leurs précieuses œuvres. On y verra là le gage d’une notoriété grandissante et du professionnalisme reconnu à la jeune galerie universitaire, associée pour la circonstance au FRAC Bretagne. 

Fondée en 1985 mais installée de façon pérenne depuis dix ans dans les anciennes réserves de la bibliothèque du campus de Villejean, la galerie universitaire est devenue un des lieux incontournables de l’art contemporain en Bretagne. Sous la houlette de l’historienne de l’art Elvan Zabunyan et du critique d’art David Perreau, tous deux enseignants dans le Master « Métiers et arts de l’exposition »,  les étudiants de cette formation professionnelle assurent tous les ans le commissariat d’une exposition monographique qu’ils mènent de bout en bout, depuis la conception de l’événement jusqu’à son organisation logistique et sa médiation. « Pensée comme un musée d’application », nom de l’association porteuse du projet, « la galerie offre aux étudiants un laboratoire à l’échelle 1 où s’allie une réflexion théorique, historique et critique à une expérience pratique de l’exposition » explique Elvan Zabunyan. A côté des monographies de Martha Rosler, Victor Burgin, Sarkis, Valérie Jouve, Jordi Colomer organisées par le Master, une programmation annuelle tout aussi pointue est assurée par Denis Briand et Marion Hohlfeldt, professeurs d’arts plastiques de Rennes 2, et mise en œuvre par des étudiants bénévoles. La prochaine exposition, historique elle aussi, sera organisée avec le Musée des Beaux-Arts de Rennes et consacrée au Groupe de Recherche de l’Art Visuel fondé en 1960.
« Dotée d’un budget compris entre 40.000 et 50.000 euros, la galerie fonctionne grâce à l’investissement de ceux qui l’animent, n’ayant pas de salariés à proprement parler. C’est une logique pédagogique intelligente associée à une ambition professionnelle sans concession qui en assure le succès au-delà des frontières de l’université, maintenant que le métro dessert le campus » se félicite Pierre Bazantay, vice président chargé de la culture et de la vie étudiante. Un investissement particulièrement productif et rentable comparé au 105 millions d’euros de budget de l’université, mais surtout à la valeur qu’ajoute à la vie et à l’image du campus ce qui reste l’une des trop rares galeries universitaires de France. 
Jérôme Poggi, 1er mars 2013
Chronique parue dans le Quotidien de l'art du 1er mars 2013