Par Jérôme Poggi
Une nouvelle convention cadre a été signée à Avignon cet été par les ministres de la Culture et de l'Enseignement supérieur. Intitulée "Université, lieu de culture", elle encourage la conférence des présidents d'universités à valoriser et promouvoir la place de l'art sur le campus.
La cause de l’université dans la politique culturelle publique avance, même si elle a pu paraître encore minoritaire dans le récent discours qu’Aurélie Filipetti a prononcé au Louvre sur la priorité accordée par son ministère à l’éducation artistique. Citée à une seule reprise dans un discours long de dix pages, la sphère universitaire semble néanmoins définitivement passée du statut de terra incognita – expression par laquelle Pierre Bourdieu dénonçait le désert artistique universitaire dans les années 80 comme le rappelle la ministre elle même, à celui de nouveau continent riche de promesses que les autorités semblent désormais disposées à explorer. L’université s’apprêterait-elle à devenir un nouvel Eldorado culturel ?
Une nouvelle convention cadre a été signée à Avignon cet été par les ministres de la Culture et de l'Enseignement supérieur. Intitulée "Université, lieu de culture", elle encourage la conférence des présidents d'universités à valoriser et promouvoir la place de l'art sur le campus.
La cause de l’université dans la politique culturelle publique avance, même si elle a pu paraître encore minoritaire dans le récent discours qu’Aurélie Filipetti a prononcé au Louvre sur la priorité accordée par son ministère à l’éducation artistique. Citée à une seule reprise dans un discours long de dix pages, la sphère universitaire semble néanmoins définitivement passée du statut de terra incognita – expression par laquelle Pierre Bourdieu dénonçait le désert artistique universitaire dans les années 80 comme le rappelle la ministre elle même, à celui de nouveau continent riche de promesses que les autorités semblent désormais disposées à explorer. L’université s’apprêterait-elle à devenir un nouvel Eldorado culturel ?
Une convention cadre peu médiatisée a en tout cas été signée le 12 juillet à l’Université d’Avignon entre le Ministère de la culture et celui de l’Enseignement supérieur. Intitulée « Université, lieu de culture », elle s’inscrit dans une série de mesures transministérielles qui, depuis la première loi dite Faure votée dans la foulée des événements de 68, jusqu’aux 128 propositions rédigées par la commission Culture Université présidée par Emmanuel Ethis en 2011, en passant par le protocole de coopération ministériel signée en 2002 par Catherine Tasca et Jack Lang, ont tenté de façon plus ou moins velléitaire de créer un pont entre leurs deux administrations culturelles et universitaires.
« Cette nouvelle convention fait date » se réjouit Philippe Sarrade, coordinateur de l’association « Art + Université + Culture » qui réunit l’ensemble des services culturels universitaires. « Pour la première fois, c’est le ministère de l’enseignement supérieur qui a repris l’initiative pour la faire aboutir. Nous sommes désormais dans une logique de demande exprimé par les acteurs universitaires, et non plus d’un mariage forcé encouragé par la sphère culturelle ». Pour preuve, conscients des nécessités culturelles de la communauté universitaire, la conférence des présidents d’université a été partie prenante et signataire de cette convention, ce qui n’était jamais arrivé jusqu’ici. « C’est une condition essentielle dans le contexte d’autonomisation des universités où le président est libre de la politique artistique et culturelle de son établissement ».
Outre les bonnes intentions habituelles concernant l’accès pour tous à la culture et le développement personnel à travers la pratique artistique, la convention se distingue par deux aspects plus concrets. La prise de conscience d’un patrimoine artistique et architectural universitaire que les établissements sont encouragés à conserver et valoriser, et la présence artistique sur les campus. Cette dernière passe par le rappel de l’obligation de 1% auquel sont soumises les universités dans le cadre de nouvelles opérations immobilières, mais aussi par le recours au dispositif de la commande publique et à la possibilité pour les université de négocier des prêts avec des collections publiques nationales ou régionales. Mais l’originalité la plus notable de la convention concerne le principe de la résidence d’artistes qui « constitue la modalité privilégiée de la présence artistique à l'université, de la sensibilisation à la notion de projet et de création artistique » et « a vocation à s’inscrire dans la durée ».
Reste la question des moyens que la convention ne résout pas, s’en remettant à des comités de pilotage à l’échelle nationale et régionale, mais aussi au réseau des services culturels dont les universités se sont petit à petit dotés depuis 1984, mais qui restent encore fragile. C’est sans doute ici que la convention est la plus opportune d’ailleurs, en confortant l’action militante de ceux qui ont été les premiers orpailleurs d’un Eldorado dont on sait qu’il rendra au centuple ce qu’on y aura investi.
Jérôme Poggi, paru dans le Quotidien de l'art, Octobre 2013
La convention cadre « Université, lieu de culture » est consultable sur le site de l’A+U+C :
http://www.auc-asso.com/actualite/convention-universite-culture