Par Jérôme Poggi
Créé il y a près de dix ans par le jeune collectionneur Charles Guyot et sa soeur Victoire, le Contemporary Art Club (CAC) est une association unique en son genre dont les membres ont comme principal trait commun d’être (presque) tous diplômés de grandes Écoles (HEC, ESSEC, Sciences Po, Polytechnique, Centrale, etc.). L’autre particularité qui les réunit est leur curiosité pour l’art. Une curiosité active qui dépasse le simple désir de se cultiver, mais témoigne d’une volonté de se hisser sur la scène de l’art et de ne pas seulement en être les spectateurs.
Jean de Loisy et Charles Guyot accueillant des membres du CAC dans le cadre de l’exposition « Philippe Parreno » au Palais de Tokyo. © Contemporary Art Club. |
C’est en quelque sorte la philosophie qui sous-tend le CAC, même si son fondateur récuse le vocable d’actionnaire car trop ambigu au-delà de son étymologie. Le CAC est en effet un club dans le sens anglosaxon du terme, qui réunit des personnes souhaitant découvrir l’art de l’intérieur. « J’ai eu la chance d’être familiarisé avec le monde artistique dès mon plus jeune âge, mes parents étant eux-mêmes collectionneurs, explique Charles Guyot. À ma sortie de l’ESSEC, plusieurs de mes camarades m’ont fait part de leur sincère intérêt pour l’art, mais aussi de leur désarroi face à un milieu qu’il ne savait pas comment aborder et pénétrer. Avec ma soeur Victoire, elle-même diplômée d’HEC, nous avons pensé créer ce club comme un passeur, un hub, qui donnerait les clés d’un milieu que nos formations, aussi prestigieuses soient-elles, ne nous ont pas appris à connaître et appréhender ». Force est de constater que l’initiative répond à un besoin très fort chez ces jeunes diplômés. La longévité de l’association, et le nombre de membres qui l’ont rejoint en dix ans pour atteindre le chiffre impressionnant de trois cents, témoignent chez cette nouvelle génération d’actifs d’un attrait pour l’art contemporain indéniable, mais surtout d’une volonté d’en faire une véritable expérience au-delà d’un simple vernis culturel.
Qu’ils soient banquiers, avocats, journalistes ou entrepreneurs, il s’agit pour ces membres de la société civile de devenir des interlocuteurs à part entière des artistes, des galeristes, ou des curateurs pour discuter, non de soi et de son propre métier, mais de ce bien commun entre tous qu’est l’art. « La dimension amicale, plus encore que conviviale est essentielle à cet apprentissage commun de l’art », souligne Charles Guyot citant sans le savoir Mark Rothko qui écrivait que la peinture ne vit que par l’amitié de ceux qui la regardent. Se distinguant radicalement de certains groupes de collectionneurs ou investisseurs mutualisant leurs moyens pour acheter des oeuvres en commun, le CAC fonctionne plus sur le modèle d’un Social Club à l’anglaise dont on devient membre par cooptation, organisant des réunions régulières pour visiter en groupe des ateliers d’artistes, des galeries ou des institutions. Au final, pour filer la métaphore jusqu’au bout, il serait sans doute plus juste de désigner ses membres comme des « sociétaires » de l’art, plutôt que des actionnaires, en ce qu’ils « font société » autour de l’art et à cause l’art. Mais aussi en faveur de l’art.
Jérôme Poggi
Chronique parue dans le Quotidien de l'Art le 7 mars 2014
Liens Utiles :
www.contemporaryartclub.com
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