Le Musée d’art contemporain de l’Université de Sao Paulo s’installe dans 27.000 m2


Par Jérôme Poggi


Les universités américaines ne sont pas les seules à pouvoir s’enorgueillir d’institutions muséales de référence. L’Amérique du Sud compte aussi plusieurs musées universitaires de premier plan à l’instar du Musée d’art contemporain de l’université de Mexico (MUAC), installé depuis 2008 dans un imposant bâtiment de l’architecte mexicain Teodoro Gonzalez de Leon ou celui de l’université du Chili. Le plus important d’entre eux est sans aucun doute le Musée d’art contemporain de l’Université de Sao Paulo au Brésil (MAC-SP) qui, à l’occasion de son cinquantième anniversaire, est en train d’emménager progressivement dans un immense bâtiment d’Oscar Niemeyer.


Construit en 1953 en lisière du parc d’Ibirapuera pour le 400ème anniversaire de la création de la Ville de Sao Paulo, cet ancien Palais de l’Agriculture offre aujourd’hui au musée une superficie de près de 27.000 m2, comparable au 28.000 m2 de notre MNAM ou au 22.000 m2 du Palais de Tokyo…. Un chiffre d’autant plus impressionnant que le musée est censé conserver son ancien site de 3.500 m2 situé au coeur du campus en périphérie de la ville, à des fins essentiellement académiques.

 

 

Débridée, la croissance du MAC-SP est à l’image d’une ville devenue en quelques décennies l’une des dix plus grandes mégapoles mondiales, avec une agglomération de plus 20 millions d’habitants. Elle témoigne de l’ambition d’un pays tout entier dont la scène culturelle explose avec des galeries de plus en plus actives qui viendront en nombre à la prochaine FIAC par exemple. De sa précipitation également. Si ses budgets de fonctionnement sont assurés en ce qui concerne l’électricité ou le gardiennage, son équipe scientifique reste inchangée, composée de cinq conservateurs seulement, dont deux sont attachés à des programmes éducatifs. Son budget d’acquisition quant à lui ne pourrait être doublé car il n’y en a tout simplement pas reconnaît la conservatrice Ana Magalhães… 

La collection est pourtant riche de 10.000 œuvres, avec un fond moderne particulièrement important d’artistes euoropéens (Chirico, Boccioni, Modigliani, Braque, Picasso, etc) ou brésiliens (Da Silva, Cavalcanti, Tarsila do Amaral) ce qui peut sembler paradoxal pour un musée d’art contemporain… « Le MAC est né de la séparation entre la Biennale de Sao Paulo et le Musée d’Art Moderne, qui en fut l’instigateur en 1951 et dont la collection a été donnée au MAC en 1963 avec celle du collectionneur Francisco Matarazzo Sobrinho » explique Mme Magalhães. La collection porte d’ailleurs fortement l’empreinte des premières années de la Biennale, dont elle conserve de nombreuses oeuvres lauréates. Elle s’est ensuite enrichie dans le cadre d’échanges, d’expositions, ou donations se dotant notamment de près de 2.000 œuvres d’art conceptuel des années 60 et 70, parmi lesquelles se retrouvent évidemment des artistes brésiliens aussi importants que Cildo Meireles par exemple, mais aussi un corpus important d’artistes d’Europe de l’Est. 

Le challenge auquel le MAC doit faire face aujourd’hui concerne le cœur même de sa mission, c’est-à-dire l’art le plus contemporain. Si quelques œuvres importantes de Roy Lichenstein, Gerhard Richter, Cindy Scherman ou de plus jeunes artistes brésiliens comme Rommulo Vieira Conceição font bonnes figures dans la collection, l’actuelle exposition des donations récentes qui accueille le visiteur au rez-de-chaussée du MAC témoigne des limites d’un modèle institutionnel à qui manquent les moyens des ambitions internationales qui lui sont prêtées. 

Gageons que le rapprochement géographique avec la très influente et attendue Biennale de Sao Paulo, dont le commissariat de l’édition 2014 a été confié à Charles Esche, directeur du Van Abbemuseum (Pays-Bas), permettra au MAC de renouer avec le lien organique qui l’a originellement uni à cet événement international de référence.

Jérôme Poggi, 29 août 2013

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