Le schéma directeur de l'université de Dijon dessiné par Rémy Zaugg

Par Pierre-Henri Foulon

En 1989, l'Université de Bourgogne fait appel à l'artiste conceptuel suisse Rémy Zaugg pour concevoir un projet de développement global.

Résidence universitaire Antipodes, 1992,
Jacques Herzog et Pierre de Meuron.
Campus de Dijon
C'est un projet qui commence modestement avant de prendre une ampleur exceptionnelle : que l'art et la ville ne fasse plus qu'un. Au départ il y a la volonté politique de doter la capitale bourguignonne d'un musée d'art contemporain. Rémy Zaugg s'intéresse au projet, donne des orientations. Premier fait marquant, les dirigeants de l'université souhaitent l'associer à  l'Institut d'Histoire de l'Art de Dijon afin de créer une synergie dans une dynamique de recherche. Mais l'artiste est un frondeur. Né en 1943 et installé à Bâle depuis 1960, ses multiples activités décloisonnent les catégories habituelles différenciant l'artiste de l'historien, le commissaire de l'architecte. A partir des années 80, Zaugg se joint à l'agence bernoise Atelier 5 pour aménager les salles du nouveau Kunstmuseum de Berne. Dijon lui fournit l'occasion de dépasser ses compétences de muséographe. Le pôle universitaire est en pleine croissance, son développement nécessite une vision globale et cohérente à l'échelle de la ville. On décide donc de lui en confier la conception du schéma directeur.


N'étant pas architecte lui-même, il s'adjoint les compétences de ses compatriotes Herzog et De Meuron, avec lesquels il mènera à bien une quinzaine de projets. Attentifs à la topographie et à l'organisation urbaine dans laquelle ils interviennent, ces derniers souhaitent faire du campus le centre géographique de la ville de demain. Situé à l'est de la cité, le campus est un lieu hybride, entre la ville et la campagne ; sa structuration intérieure ne le distingue absolument pas des quartiers voisins. Il faut donc non seulement penser son aménagement mais également les infrastructures qui permettent de s'y rendre ou de s'y déplacer. Le projet est ambitieux et ne sera pas totalement achevé. Une résidence universitaire sortira de terre, bien éloignée des constructions sans âmes dans lesquelles les étudiants sont le plus souvent cantonnés. Doit-on louer le caractère exceptionnel de ce geste ou bien le déplorer? Il devrait être acquis qu'une belle architecture élève l'esprit de celui qui y habite.

Pierre Foulon, juin 2013