REAL... ouvre une voie entre l'artiste et l'entrepreneur : le réalisateur


Par Pierre Caron

L’école de management Audencia et l'école supérieure des beaux-arts à Nantes ont répondu à la proposition de Fabrice Hyber de faire se rencontrer la sphère entrepreneuriale et la sphère artistique. A la source de ce projet, l’ambition d’encourager l’innovation, de construire des parcours singuliers et créatifs et la conscience que la diversité de la production artistique actuelle nécessite de nouveaux moyens techniques et financiers. A ces besoins, la formation REAL… propose de répondre par le partenariat des artistes et des grandes entreprises, le coaching personnel et une série de séminaires centrés sur les outils de développement d’un projet personnel.
l'Ecole Supérieure des Beaux Arts (ESBA) de Nantes



Le projet, tel qu’il fut conçu par Fabrice Hyber, est explicité par un de ses célèbres dessins annotés, qu’il emploie comme un moyen d’expression artistique des « mouvements » et développement de sa pensée : entre la figure idéale de l’artiste (« esprit libre », « éponge » qui rend « visible l’invisible ») et celle de l’entreprise (et son « besoin de communiquer, d’innover »), une figure hybride, au visages multiple, nommée Réalisateur (« le passeur »). Ou comment la recherche artistique et les moyens entrepreneuriaux peuvent se soutenir également.

REAL… prend donc la forme d'un post-diplôme, d'une durée de 12 à 18 mois, durant laquelle un artiste ou un entrepreneur suit à la fois des séminaires théoriques sur des questions de droit, de communication, de mécénat, d'histoire de l'art et mène une projet à bien. C’est ce projet personnel qui est à l’origine de la sélection de l’étudiant au sein du programme : qu’il s’agisse de produire une œuvre, un événement ou développer une idée innovante, REAL… a pour fonction première de permettre la réalisation de ces idées innovantes. Le recrutement se fait donc sur un descriptif du projet, une liste de partenaires potentiels (entreprises, institutions, associations) et un budget prévisionnel.

Fabrice Hyber a régulièrement organisé des partenariats avec des entreprises privées pour la réalisation de ses oeuvres. 

Fabrice Hyber n’est pas étranger à la collaboration entre un artiste et une entreprise : il s’est par exemple associé à Swarovski pour la réalisation d’une œuvre récente au Palais de Tokyo et est à l’origine de Woolways, un réseau d’entrepreneurs, de collectionneurs et de collectivités publiques souhaitant apporter une contribution à la production artistique contemporaine. Des rencontres sont d’ailleurs prévues dans les séminaires de REAL… avec des représentants de structures aux moyens financiers et juridiques importants se consacrant à la création d’événements, d’expositions et au mécénat artistique : l’entreprise Kaikai Kiki (Tokyo, Japon), créée et dirigée par l’artiste japonais Takashi Murakami, la Fondation Pistoletto (Biella, Italie) ou encore l’association pour l’art contemporain Zerynthia (Rome, Italie).

On comprend donc bien que le projet nantais affiche son ambition d’être à l’origine d’un réseau dépassant largement les frontières de l’Hexagone : le programme a en effet une vocation internationale et l’objectif à terme est de monter un réseau d’écoles de réalisateurs à travers le monde. Le but est également d'insérer, grâce à un mécanisme d'exonération fiscale, les entreprises d'excellence comme les PME dans ce processus afin d'augmenter leur potentiel créatif et leur plus-value sociale. Le futur nous dira si la mondialisation des moyens entrepreneuriaux au service de l’art commença à Nantes.

Pierre Caron, octobre 2013

LIENS UTILES :

REAL... Les Réalisateurs